VOIX CRITIQUES
Nespresso : Traitement Discriminatoire ?
D’apparence, les racistes sont des gens ordinaires. Comme vous et moi. Ils sont jeunes, vieux. Ce sont des femmes, des hommes. On les rencontre partout. Dans les entreprises, les magasins, l’administration, le sport, les marchés. Rien ne les distingue de nous, de vous. Dans le commerce, peu leur importe qui vous êtes. L’essentiel est de vendre et d’empocher du chiffre d’affaires. C’est ce que j’ai toujours cru.
Mais il y aurait des exceptions à cela. Lisez l’histoire courte suivante. C’était chez Nespresso.
‟Je suis client depuis de nombreuses années chez Nespresso. Ce jour-là, je me suis rendu dans une boutique Nespresso à Paris. Au moment d’ouvrir ma fiche sur sa tablette, une vendeuse me demande mon nom. Je m’appelle Mohamed Z. Je donne mon numéro client. A ma grande surprise, elle exige ma carte d’identité nationale invoquant la possibilité d’usurpation d’identité et des raisons de sécurité ! A l’occasion d’une précédente visite, la même vendeuse m’avait fait la même demande. J’ai systématiquement refusé. En effet, j’ai un abonnement prélevé tous les mois sur mon compte bancaire pour une somme modique, quelle est la nécessité de demander une pièce d’identité, est-ce bien légal ?
De plus, mon épouse, Françoise Z, a effectué des achats à maintes reprises dans cette boutique sans qu’il lui soit demandé la moindre justification d’identité, alors qu’elle utilisait mon nom pour avoir accès à l’application de vente. Vous pouvez comprendre, j’en suis sûr, mon incompréhension et ma colère.
Je trouve l’attitude cette vendeuse déplacée et désobligeante.
J’espère que ces incidents ne se reproduiront plus à l’avenir, faute de quoi je changerai de marque. ‟
Alors consigne interne ou intériorisation d’un racisme soft d’une personne ordinaire vivant dans un climat délétère ?
Mohamed, sans se dégonfler, reprenant les termes ci-dessus, envoie un courriel au service client. Le lendemain, ce service le rappelle. Après une longue discussion, l’attitude de la vendeuse est légitimée. Mohamed n’a pas eu d’excuses.
Le cas de Mohamed serait-il une manifestation ordinaire, banalisée, normalisée par les gourous imprécateurs attisant colères identitaires et passions xénophobes ?
Cette atmosphère discriminatoire est lourde d’autres exemples fétides, passés dans l’ordinaire. Défiant la loi sans aucun complexe. SOS-Racisme ne vient-il pas d’enquêter sur la discrimination à l’embauche dans le BTP. Le résultat est glaçant : Dans près de la moitié des cas (45%), les agences acceptaient sans même qu’il soit nécessaire d’insister pour sélectionner des candidats en fonction de leur origine afin de ne soumettre à l’entreprise que des profils européens.
N’est-ce pas comme cela que l’on commence à perpétuer l’abject ? Mille petites histoires ordinaires pour une fin tragique !
L’altérophobie imprègne tous les segments de la société, aidée en cela par des éditocrates et des politiques dont un des premiers objectifs est de répandre l’art de frotter l’allumette en espérant l’embrasement généralisé.
Dans cette histoire, a-t-on affaire à un racisme d’une personne qui se sait raciste ou à un racisme qui ne se sait pas racisme ? Et c’est le pire si c’est ce dernier.
Abder Seridji