J’ai Pas Toujours la Tête à L’Art

J'ai pas toujours la tête à l'art. A l'ordinaire je ne suis pas un accro des salles de spectacles et autres sombres caves.

J’ai pas toujours la tête à l’art. A l’ordinaire je ne suis pas un accro des salles de spectacles et autres sombres caves. Un amateur enthousiaste tout au plus. Me balader la journée, lire, parfois visiter un musée ou aller au théâtre scandaient une vie bien remplie. Je dis « faisait » puisque depuis un an les espaces de représentation n’ont plus le droit de cité. Pas d’utilité publique en temps de confinement pour cause de pandémie a décidé le gouvernement ! Et voilà que ma vie bascule. Je me sens seul, vide, empêché d’avancer. Plus de lieux où aller rencontrer des imaginaires insoupçonnés. Moi qui me détournais des salles parce que pleines de portables et de pop corn, je donnerai n’importe quoi aujourd’hui pour retrouver ces espaces, quitte à croquer plus de maïs soufflés que n’importe qui ! Me retrouver dans le noir, sentir autour de moi des esprits, des cœurs, des souffles vibrer au moment où les lumière s’éteignent … pourquoi ai-je la sensation qu’il s’agit de retrouver une forme de liberté ? Liberté de penser ? Liberté de rêver ?

Il semble que s’autoriser à être spectateur permet de mieux investir sa place d’acteur au cœur de la société. Les concerts, les projections, les spectacles se partagent avec d’autres. C’est la présence du public qui crée et transcende l’événement. L’art nous rappelle que le collectif n’existerait pas sans une somme d’individus. Chacun vient se nourrir, rêver, vibrer au contact d’une forme, d’un son ou d’une image. Et c’est parce que cette expérience se fait avec les autres qu’elle nous transforme.

Alors moi qui pestais contre mes voisins qui laissaient leurs portables allumés au théâtre ou contre ma voisine qui avait décidé de se faire un chignon banane avant de s’asseoir juste devant moi au cinéma, rien ne me rendrait plus heureux aujourd’hui que de me fondre au cœur d’une foule bruyante et d’ heurter des canettes sur le sol de la salle de concert pour atteindre ma place, tant que m’est rendu ce droit fondamental d’aller voir du beau au milieu des autres.

Si cette situation affligeante met à bas notre place de spectateur, elle met en péril des professions au statut précaire dont il va falloir se préoccuper impérativement  si demain on ne veut pas assécher la culture et nous laisser dans le noir.

Pour en savoir plus, écouter Aurélien Catin

https: //www.youtube.com/watch?v=ocAAbh9sINw

auteur, membre du collectif La Buse https://la-buse.org/ et de l’association d’éducation populaire Réseau Salariat.

Pourquoi pas … réécouter le discours d’Albert Camus à la cérémonie d’attribution du prix Nobel, du 10 décembre 1957, sur ce que c’est que l’art et qu’être artiste.

https://www.youtube.com/watch?v=M5QD-32MCv4

https://www.nobelprize.org/prizes/literature/1957/camus/speech/

Marie, Véronique et Jean-Luc

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