VOIX CRITIQUES
Comment doit-on vous entendre Monsieur le Président ?
Dans son allocution du lundi 12 juillet 2021, le président Macron a répété à plusieurs reprises un : ”J’ai entendu”, mais qu’a-t-il entendu ? La souffrance de certains de nos concitoyens, promet-il, prétend-il. Le remède qu’il préconise tient en un slogan qu’il répétera tel un mantra : « Il faut travailler, travailler plus ». Dans son argumentaire une gifle sera assénée aux millions de chômeurs en affirmant qu’il vaut mieux travailler que de rester chez soi instillant cette idée pernicieuse qu’il y en aurait qui, par choix, préféreraient renoncer à travailler, autrement dit des feignasses profiteuses.
Tout au long de son intervention, Mr Macron maintiendra son cap de dirigeant de la start-up France, mise en scène sur fond de la Tour Eiffel, joyau français, produit par nos ingénieurs dans nos usines, symbole du « génie français » connu dans le monde entier, hymne à la re-localisation en marche à n’en pas douter. Mais les idées novatrices d’un monsieur Eiffel n’auront pas inspiré notre président, lui qui fustigeait l’ancien monde il y a quelque temps, recyclant le slogan de N.Sarkozy, « travailler plus pour gagner plus… » afin de rembourser la dette française, remettre l’économie en route et faire en sorte que les plus fortunées augmentent leurs dividendes (confer le journal Challenge qui revient sur les gains des plus grosses fortunes françaises en ces périodes de pénurie). La crise sanitaire a fait apparaître les symptômes qui rongent notre société occidentale constitués d’une crise démocratique, d’une crise idéologique et d’une crise de confiance majeure entre le citoyen et les gouvernants.
Les dirigeants actuels sont incapables de proposer des projets dignes de notre époque. Bien plus, ils détournent leur regard des changements indispensables à mettre en oeuvre afin de répondre aux urgences qu’imposent notre situation : rien à dire sur le changement climatique et les indispensables décisions que la Convention Citoyenne avait pourtant commencé à énumérer, vite enterrée par celui là même qui l’avait initiée. Rien sur la redistribution des richesses et la réduction des inégalités pourtant dénoncées par beaucoup d’économistes dans le monde entier. En résumé, faisons en sorte, nous demande notre Président, de remettre à flot le radeau de la méduse néolibéral et proclamons en coeur la phrase du comte Salina dans film de L. Visconti “Le Guépard”
« Il faut que tout change pour que rien ne change »
Permettez-nous, Mr le Président de vous dire ceci, dans l’espoir d’être entendu vraiment de vous (mais en sachant que dans espoir il y a poire !) : Nous ne voulons plus être spectateurs de ce triste décor dans lequel vous comptez nous enfermer, vous tentez de nous coffrer. Vous persistez dans votre surdité.
Non, Sire, ce n’est pas d’une révolte dont le monde à besoin c’est d’une révolution dans nos modes de vie dont nous avons besoin et vite, et de cela, dans sa mise en œuvre, vous en êtes incapable si nous vous avons bien entendu.
Emile Rafowicz